Le texte très controversé a été définitivement adopté ce jeudi faute de dépôt d’une motion de censure 24 heures après un ultime recours au 49-3 mercredi.
Le projet de loi travail est considéré comme définitivement adopté par le Parlement, faute de dépôt d’une motion de censure 24 heures après un ultime recours au 49-3 mercredi, a annoncé officiellement le président de l’Assemblée Claude Bartolone jeudi 21 juillet. Lors d’une très brève intervention dans un hémicycle quasi vide à 16H30, Claude Bartolone (PS) a constaté qu’après ce troisième recours du gouvernement à l’arme constitutionnelle pour permettre l’adoption du projet de loi sans vote, aucune motion de censure n’avait été déposée. Il a annoncé dans la foulée la fin de la session extraordinaire du Parlement.
Voici les principales mesures du projet de loi “relatif au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels”, qui fait l’objet d’un troisième et ultime 49-3 en vue de son adoption définitive sans vote.
Code du travail
Création d’une commission chargée de proposer au gouvernement d’ici deux ans une refondation du Code du travail. Le Haut Conseil du dialogue social y sera associé.
Neutralité
Le règlement intérieur des entreprises peut “contenir des dispositions inscrivant le principe de neutralité et restreignant la manifestation des convictions des salariés”, dans certaines limites.
Temps de travail
La durée légale du travail restera de 35 heures. Sur l’aménagement du temps de travail, les accords d’entreprise primeront dans la plupart des cas.
La possibilité de passer à une moyenne hebdomadaire de travail de 46 heures (au lieu de 44) sur 12 semaines, qui nécessite actuellement accord de branche et décret, sera assouplie: un accord d’entreprise suffira.
Pour la fixation du taux de majoration des heures supplémentaires, l’accord d’entreprise primera sur l’accord de branche. Il ne pourra être inférieur à 10%. Les branches, qui pratiquent généralement 25%, perdront leur pouvoir de “verrou”.
Branches professionnelles
Les branches dresseront chaque année un bilan des accords d’entreprise et pourront formuler des “recommandations”, veillant notamment aux conditions de concurrence intra-branche.
Une négociation devra être engagée dans chaque branche dans les deux ans pour définir les thèmes sur lesquels les accords d’entreprise ne pourront pas être moins favorables que les accords de branche (hors cas où la loi prévoit la primauté de l’accord d’entreprise).
Dans deux domaines, égalité professionnelle entre femmes et hommes ainsi que pénibilité, l’entreprise ne pourra pas faire moins bien que la branche.
Congés, protection et sexisme
Le congé exceptionnel d’un salarié en cas de décès d’un enfant sera porté de deux à cinq jours. Celui pour la mort des parents et beaux-parents, d’un frère ou d’une soeur, passera d’un à deux jours.
La période d’interdiction du licenciement pour les mères revenant de congé maternité sera allongée de 4 à 10 semaines.
Mesures pour mieux lutter contre les agissements sexistes au travail.
Référendum d’entreprise
Un accord d’entreprise devra être “majoritaire” (signé par des syndicats représentant plus de 50% des salariés aux élections professionnelles). Faute de majorité, les syndicats minoritaires (représentant plus de 30%) pourront demander un référendum pour valider l’accord.
Accords “offensifs”
Le projet de loi entend permettre aux entreprises d’ajuster leur organisation pour “préserver ou développer l’emploi”. L’accord majoritaire signé primera sur le contrat, y compris en matière de rémunération et durée du travail. La rémunération mensuelle du salarié ne pourra être diminuée, mais des primes par exemple pourront être concernées.
Les salariés refusant de tels accords s’exposeront à un licenciement pour “motif spécifique”, qui suivra la procédure d’un licenciement individuel pour motif économique, mais sans les mesures de reclassement. Ces salariés bénéficieront d’un “parcours d’accompagnement personnalisé”, assuré par Pôle Emploi et financé pour l’essentiel par l’Etat.
Licenciement économique
Les critères des licenciements économiques sont précisés dans la loi et différenciés selon la taille des entreprises.
Il pourra y avoir licenciement économique en cas de “baisse significative des commandes ou du chiffre d’affaires”, en comparaison avec la même période de l’année précédente. Il faudra que cette baisse soit d’au moins un trimestre pour une entreprise de moins de 11 salariés, deux trimestres consécutifs pour une entreprise de 11 à moins de 50 salariés, trois trimestres pour une entreprise de 50 à moins de 300 salariés, quatre trimestres pour une entreprise de 300 salariés et plus.
Le périmètre des difficultés économiques d’une entreprise restera fixé par la jurisprudence, avec une appréciation au niveau international.
PME-TPE
Création d’un “service public territorial de l’accès au droit” pour aider notamment les entreprises de moins de 300 salariés. Une entreprise ayant suivi les procédures prescrites par l’administration pourra attester de sa bonne foi.
Les branches pourront négocier des accords-types applicables unilatéralement par les employeurs d’entreprises de moins de 50 salariés.
Dans les entreprises sans représentation syndicale, les employeurs pourront négocier avec des salariés mandatés par un syndicat sur tout sujet pouvant faire l’objet d’un accord.
Compte personnel d’activité
Présenté comme une grande réforme sociale du quinquennat, le CPA regroupera, à partir de 2017, le compte personnel de formation (CPF), le compte pénibilité (C3P) et un nouveau “compte d’engagement citoyen”. Il sera ouvert aux retraités.
Le plafond du CPF monte de 150 à 400 heures pour les salariés sans diplôme.
Garantie jeunes
Pour les jeunes ni en emploi, ni en étude, ni en formation, généralisation dès 2017 du “droit” à la garantie jeunes, sous condition de ressources: accompagnement renforcé vers l’emploi et allocation mensuelle de 461 euros, pendant un an.
Pour les moins de 28 ans diplômés depuis moins de trois mois, création d’une aide à la recherche du premier emploi, accordée pour une durée de quatre mois.
Moyens syndicaux et représentation patronale
Hausse de 20% des heures accordées aux délégués syndicaux.
Transcription de l’accord conclu entre les organisations patronales sur la mesure de leur audience.
Déconnexion
A partir de 2017, modalités du “droit à la déconnexion” dans les sujets abordés lors de la négociation annuelle en entreprises.
Médecine du travail
Plus de visite médicale systématique à l’embauche, postes à risque exceptés.
Travailleurs détachés
Renforcement des obligations des maîtres d’ouvrage et donneurs d’ordre en cas de recours à des prestataires établis à l’étranger et transposition partielle de la proposition de directive européenne sur les travailleurs détachés, concernant l’intérim.
Par Challenges, le 21 juillet 2016