Comment le CAC 40 paie ses administrateurs

Un administrateur du CAC 40 gagne 82.154 euros en moyenne. C’est moins que dans les autres grands pays occidentaux. Les grandes sociétés cherchent des moyens d’attirer des étrangers.

82.154 euros. Voilà ce qu’a gagné, en moyenne, au titre de 2015, un membre du conseil d’administration du CAC 40. Dont 32.602 euros de fixe et un jeton variable autour de 3.865 euros par réunion du conseil, selon une étude réalisée par le cabinet de chasseur de têtes Spencer Stuart. En 2014, il avait perçu 72.608 euros. Cette augmentation est faciale, car, dans les faits, l’administrateur n’a pas perçu 13,8 % de plus en espèces sonnantes et trébuchantes. La comparaison est tronquée, car la composition de l’indice CAC 40 a changé avec l’entrée du nouveau groupe fusionné LafargeHolcim et de Nokia, à la place d’Alcatel. Ces derniers ont versé des jetons de présence figurant parmi les plus importants de l’indice. A cela vient s’ajouter la sortie d’EDF, dont la rémunération moyenne des administrateurs était faible (autour de 20.000 euros en raison de la présence de 5 représentants de l’Etat).

Augmentation de 6,1  % des jetons de présence

Si l’on s’en tient à une comparaison stricto sensu – en ne considérant que les 35 entreprises présentes dans le CAC en 2015 et 2014 -, les jetons de présence ont véritablement augmenté de 6,1 %. A l’origine de cette croissance, la perspective des rémunérations versées par les groupes étrangers concurrents crée une certaine pression sur les entreprises pour mieux rémunérer les administrateurs. Dans l’Hexagone, les montants des jetons de présence sont sans commune mesure avec les émoluments touchés aux Etats-Unis, où la moyenne s’élève à 256.815 euros ou avec le Royaume-Uni (120.000 euros), voire avec la Suisse, où les administrateurs gagnent 291.625 euros. En Allemagne aussi, un administrateur touche bien plus qu’en France, soit 129.747 euros. Idem pour l’Italie et l’Espagne. Cette différence tient à des visions différentes du rôle de l’administrateur, mieux valorisé ailleurs. Exception, dans les pays d’Europe du Nord, l’administrateur gagne moins.

Internationalisation

« Faire venir un étranger dans un conseil en France est une tâche difficile, car la rémunération n’est pas forcément très attractive »,remarque Bertrand Richard. Pourtant, la tendance est à l’internationalisation des administrateurs. Les non-résidents en moyenne représentent 34 % des administrateurs. « De plus en plus, conscientes de ce problème, les entreprises essaient de traiter de manière spécifique les étrangers. Fortes du principe que ces derniers – ne serait-ce qu’en raison du voyage – passent trois fois plus de temps qu’un Français pour siéger dans un conseil, les entreprises mettent en place un système particulier qui leur est réservé. Pour rendre leur rémunération plus attractive, elles paient les non-résidents avec des jetons additionnels, en fonction du nombre de réunions auxquelles ils ont assisté », explique Bertrand Richard, associé chez Spencer Stuart. Quatorze sociétés du CAC 40 ont mis en place ces dispositions particulières. 36 % prévoient une augmentation indifférenciée de la rémunération pour tous les résidents à l’étranger. Ils touchent alors 1.460 euros en moyenne par réunion. Les 64 % autres prévoient une augmentation en fonction de l’éloignement géographique, qui distingue les résidents européens des résidents hors d’Europe. Dans ce cas de figure, la rémunération moyenne par réunion est de 1.571 euros pour les Européens et 3.250 euros pour ceux qui habitent hors d’Europe.

Par Laurence BOISSEAU, le 18 septembre 2016.

Source : lesechos.fr