Près de deux tiers des dirigeants de PME et d’ETI ainsi que de start-up jugent que la compétitivité ne s’est pas améliorée en France ces cinq dernières années. C’est la grande tendance qui ressort d’un sondage commandé par l’association professionnelle des conseils en stratégie et management, Consult’in France auprès de l’IFOP.
Selon les dirigeants interrogés, la performance de l’économie française s’est maintenue à un niveau stable ou s’est même détériorée. Cependant, cette étude précise l’existence d’opinions divergentes au sein des chefs d’entreprise questionnés en fonction de la taille de l’entreprise dans laquelle ils travaillent.
Les dirigeants de PME et d’ETI, d’une part, ainsi que de start-up, d’autre part, sont respectivement 38 % et 28 % à estimer que la compétitivité s’est dégradée.
Employabilité et flexibilité
Pour contrecarrer les problématiques actuelles du marché du travail français, Consult’in France propose des pistes d’améliorations afin de remettre au centre de l’échiquier les besoins des entreprises et des salariés. Les auteurs de l’étude appellent le gouvernement à améliorer l’employabilité en ” favorisant le rôle d’acteur du salarié dans son parcours professionnel “.
Pour pallier ces difficultés, une amélioration des conditions de recrutement qui s’établit sur deux piliers est notamment préconisée : ” la formation et le parcours des salariés doivent être sécurisés et facilités dans l’entreprise et il est nécessaire de libérer la création d’emplois en agissant sur le coût du travail et la rigidité du marché de l’emploi “, explique Daniel Baroin, administrateur de Consult’in France.
Une meilleure adaptation du parcours des salariés à la demande des entreprises permettrait, selon le vice-président de Carewan, spécialiste des ressources humaines, de créer ” une dynamique vertueuse pour l’emploi et la compétitivité en France “.
Trois freins principaux
Interrogés dans le cadre de la prochaine sortie d’un ouvrage intitulé “#Accélérer ! L’Entreprise moteur de la compétitivité France”, 276 chefs d’entreprise – dont 184 dirigeants de PME, ETI et start-up – mettent en exergue les freins au développement de la compétitivité en France. Ainsi, trois dispositifs sont cités comme étant néfastes à la performance : le coût de la main-d’oeuvre, l’excès de réglementation ainsi que le poids de la fiscalité et des charges sociales. “
Les dirigeants d’entreprises souhaitent signifier que l’univers réglementaire qui entoure leur activité est pesant. Notre coût du travail en France est atypique au regard de nos voisins européens “, précise Daniel Baroin, qui ajoute que ” nous sommes le seul pays européen à faire supporter le coût du travail par les entreprises “.
Les multiples réglementations constituent le problème principal pour 44 % des patrons de PME et d’ETI alors qu’elles sont classées en troisième position par les startupers, pour 37 % d’entre-eux. En revanche, les dirigeants de start-up sont 45 % à considérer que le problème principal se situe au niveau du coût global de la main-d’oeuvre et du poids de la fiscalité. ” Aujourd’hui, la France a un vrai problème de coût du travail. C’est un obstacle aux recrutements ainsi qu’à la fluidité du marché du travail “, prévient Daniel Baroin, également coauteur de l’ouvrage.
En revanche, malgré l’actualité sociale récente, le climat et le dialogue social ne forment pas des inconvénients à la compétitivité des entreprises pour les dirigeants. Seuls 18 % des patrons de PME et d’ETI le placent en cinquième position dans leur classement des freins à la performance.
Déficit de main-d’oeuvre qualifiée
Un résultat que les spécialistes de Consult’in lient aux problématiques de la formation professionnelle. Pour les auteurs de l’ouvrage, la formation initiale et continue ne s’adresse pas assez aux jeunes et aux chômeurs mais plutôt en priorité aux actifs. ” Aujourd’hui, l’appareil de formation ne parvient pas à répondre de manière suffisamment efficace aux besoins des salariés “, détaille Daniel Baroin. Un problème de cible alors que la formation professionnelle a coûté 32 milliards d’euros en 2012 – 1,5 % du PIB – selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares).
Par Pierre Lelièvre, le 18 juillet 2016