91 femmes doivent être recrutées dans le SBF 120 pour atteindre le seuil des 40 %.
Il n’y aura pas 40 % de femmes dans les conseils d’administration des entreprises du SBF 120 avant janvier 2017. C’est techniquement impossible. Pour gagner les 4 points manquants et atteindre ce seuil, il faudrait recruter 30 femmes dans les groupes du CAC 40 et 61 dans les entreprises du Next 80, selon une estimation de Russell Reynolds, dans une étude sur la gouvernance.
Pourquoi tenir ce calendrier est si compliqué ? Parce que le temps a manqué. La loi Copé-Zimmermann qui a imposé ce quota ne date que de janvier 2011. « Cinq ans pour être en conformité avec la loi, c’est peu », remarque Marc Sanglé-Ferrière, DG de Russell Reynolds France. Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les bonnes candidates qui manquent. « Nous ne sommes pas en panne. Si on nous donne un mandat pour recruter une femme, nous la trouvons », note Paul Jaeger, associé dans le même cabinet de chasseur de têtes. La vraie difficulté est de demander à un homme administrateur qui n’a pas démérité de quitter son siège au profit d’une femme.
Recrutées à l’international
C’est d’autant plus vrai que les dirigeants ne souhaitent pas augmenter la taille des conseils, qui comprennent en moyenne entre 12 et 14 administrateurs, car la qualité des débats risquerait fort de perdre en efficacité. Et profiter de l’obligation de nommer des salariés au conseil pour faire entrer des femmes ne changerait rien, puisque les salariés ne sont pas pris en compte dans le calcul du seuil des 40 %. « Humainement, ce n’est pas évident pour un président de conseil de faire partir un administrateur qui a beaucoup contribué au développement d’une entreprise. Au fil des années, ce dernier a acquis une connaissance forte de l’entreprise. Tout nouvel entrant devra se mettre à niveau, ce qui prend du temps. Cela explique que, parfois, les patrons procrastinent », commente Marc Sanglé-Ferrière.
Aux assemblées générales de 2016, 57 hommes ont quitté les conseils des groupes du CAC 40, contre 22 femmes. Dans le Next 90, ils sont 105 dans cette situation, contre 47 femmes. En clair, environ 70 % des mandats des hommes n’ont pas été renouvelés. Parfois, parce que ces administrateurs avaient atteint la limite d’âge. Parfois, non. Au printemps dernier, des grandes figures ont tiré leur révérence, comme Jean-Louis Beffa, Noël Forgeard, Henri Lachmann, ancien patron de Schneider, Serge Michel, Michel Pébereau, ex-PDG de BNP Paribas, Jean Peyrelevade, ancien numéro un du Crédit Lyonnais…
En 2016, les conseils d’administration du SBF 120 comptent 573 femmes, soit 72 de plus que l’an dernier. D’où viennent-elles ? Parfois des comités exécutifs, puisque, sur les trois dernières années, le nombre de femmes dans cette instance dirigeante a augmenté de 15 %. Parfois, aussi, elles sont recrutées à l’international : 43 % des nouvelles nominations dans les groupes du CAC 40 ne sont pas françaises. Autre vivier, des femmes qui ont une expertise en économie ou qui connaissent les arcanes du secteur public. Enfin, certaines sautent le pas et décident d’abandonner des mandats exécutifs pour devenir des administratrices professionnelles. Cela leur permet de doubler le nombre de mandats.
Par Laurence BOISSEAU, le 21 septembre 2016.
Source : lesechos.fr