L’entrepreneur se retrouve trop souvent livré à lui-même. Dans ces moments, il doit pouvoir compter sur les clubs et réseaux d’entrepreneurs, qui soutiennent et portent la voix des chefs d’entreprise.
La solitude, voilà bien la triste « compagne » que craignent le plus les entrepreneurs. Elle semble devoir accompagner, à un moment ou un autre, toutes celles et ceux qui choisissent de créer et développer leurs propres structures : solitude face à un entourage réticent devant un choix de vie souvent mal compris, solitude face à la multitude des procédures administratives, solitude, bien sûr, face à la peur de l’échec, etc.
Qu’il soit entouré ou non de plusieurs collaborateurs ou associés, l’entrepreneur est confronté de plein fouet aux affres de l’indépendance et se retrouve, à bien des égards, livré à lui-même. Sans aucun supérieur hiérarchique direct, c’est à lui de construire son projet. C’est à ce moment qu’il doit pouvoir compter sur les clubs et réseaux d’entrepreneurs, structures associatives réunissant d’autres créateurs d’entreprises ayant à coeur de développer leurs sociétés.
Gagner du temps et accéder à des services
Les méandres de la création d’entreprise, le poids des cotisations ou encore l’opacité du code du travail sont autant d’obstacles au développement du tissus entrepreneurial français, et ce malgré le véritable besoin de redémarrage économique de notre pays. S’il les affronte seul, l’entrepreneur ne peut que difficilement s’en sortir. Outre un échange de compétences et d’expériences, les clubs d’entrepreneurs regroupent des gens qui se comprennent, loin de l’image surfaite de l’entrepreneur « Made in Silicon Valley » que se représente souvent le grand public.
Rejoindre un réseau d’entrepreneurs ? La belle affaire me direz-vous ! Il est vrai que de nombreux arguments peuvent spontanément peser contre une telle décision, au premier rang desquels on retrouvera invariablement le temps, cette ressource rare dont l’entrepreneur, happé par des tâches variées et exigeantes, manque le plus.
Un poids médiatique
Pourtant, appartenir à un réseau d’entrepreneurs, c’est gagner du temps sur diverses tâches et garder son statut indépendant tout en profitant d’avantages proches de ceux d’une grande entreprise. C’est aussi l’accès à un ensemble de services (audit, mise en relation, conseil, etc.) qui permettent à son entreprise de prospérer. C’est enfin bénéficier d’un porte-parole auprès des différents publics que peuvent être les institutions étatiques et les médias.
Les clubs d’entrepreneurs interviennent au nom de leurs membres sur les sujets d’actualité et les projets gouvernementaux. C’est ainsi que certains se sont notamment engagés dans le mouvement des poussins pour la réforme de la CFE (cotisation foncière des entreprises), pour la simplification du statut d’auto entrepreneur, mais aussi plus récemment sur la loi travail, les retombées négatives des grèves menées par la CGT sur les PME et TPE et les dangers du Brexit pour l’économie française.
Un accompagnant au quotidien
Néanmoins, le besoin de médiatisation des entrepreneurs n’est pas le seul enjeu de ces clubs. Le quotidien de ces individus innovants est fait d’épreuves, de tentatives et de succès, mais aussi d’erreurs, qui constituent par ailleurs les portes de la découverte et ne doivent pas démotiver. Là aussi, les clubs d’entrepreneurs accompagnent leurs adhérents, dans la joie du succès comme dans le doute de l’expérimentation. Au sein d’un club, le professionnel a moins peur de faire des erreurs, ce qui lui permet d’innover, de croître et de créer.
À l’inverse des réseaux d’entrepreneurs, qui soutiennent leurs membres, l’Etat demeure plus qu’ambigu quant à sa position sur l’entrepreneuriat. Si quelques dispositifs ont été mis en place pour favoriser les regroupements de professionnels, ceux-ci sont loin de suffire et se retrouvent annihilés par cette loi du plus fort qui favorise les groupes du CAC 40 au détriment des PME, TPE et autres jeunes pousses.
Les beaux discours et mesurettes n’y font rien : l’entrepreneur est seul face à l’Etat et à la société qui, loin de le comprendre, ne font qu’accroître le désarroi des forces vives du pays. L’union des entrepreneurs leur permet donc de se positionner au coeur des problématiques économiques, avec une diversité des profils permettant de représenter la richesse du maillage des entreprises françaises. Notre union, dans la diversité et l’adversité, sous un même réseau d’entraide, nous permet ainsi d’être plus forts.
GUILLAUME CAIROU, Président du Club des entrepreneurs le 20 juillet 2016