Finalement, un siège au conseil d’administration ne serait pas tant pour vous déplaire. Peut-être avez-vous même déjà pris goût à la gouvernance au sein d’une association ? Avant de tenter l’aventure au sein d’un « board » d’entreprise, se livrer à une introspection est utile, conseille Yves Dumont. Président du comité d’audit de Vranken-Pommery Monopole, ce dernier – qui vient de publier* un ouvrage – est «administrateur indépendant expérimenté après une carrière de chef d’entreprise de 30 années », précise son profil LinkedIn.
1. Quel est votre principal facteur de motivation ?
« Quels objectifs poursuivez-vous ? » : recherchez-vous une activité complémentaire ou bien souhaitez-vous en changer du tout au tout ? Cherchez-vous à nouer de nouvelles relations, une ouverture d’esprit, une nouvelle occasion d’exercer vos compétences, un « rang » ou bien encore occuper du temps libre après l’abandon de fonctions exécutives ? Yves Dumont invite à s’interroger sur tous ces points sans omettre celui de la rémunération. « Quel revenu net minimum attendez-vous de cette activité ? » Sachez qu’en 2015, le montant moyen annuel des jetons de présence versés à un administrateur était de l’ordre de 58.000 euros dans une entreprise du CAC40, de 36.000 euros dans une société du SBF 120 et de 16.000 euros dans une Midcap. Les ETI de moindre taille et non cotées proposent des rémunérations, qui oscillent entre 5.000 et 12.000 euros par an et sont souvent proportionnelles au nombre de réunions annuelles du conseil d’administration, soit entre 1.200 et 3.000 euros, par réunion, à un rythme de 4 à 8 par an. Certains mandats sont bénévoles, avertit Yves Dumont, en pointant une France qui paie peu ses administrateurs au regard des autres pays.
2. Quel type de mandat visez-vous ?
Outre les rôles de président du conseil ou de PDG, plusieurs types de mandats existent : celui d’administrateur interne ouvert au salarié d’un groupe siégeant au conseil d’une filiale, celui d’administrateur représentant des salariés actionnaires ou encore des salariés nommé par un syndicat, celui d’administrateur proposé par un actionnaire, celui d’administrateur indépendant, c’est-à-dire non lié aux actionnaires, clients et fournisseurs de l’entreprise. Moins connu, le mandat de censeur, qui participe aux débats mais ne vote pas. « Un censeur intelligent et compétent pourra avoir une grande influence sur les débats et les décisions du conseil », avertit Yves Dumont,.
3. De quel temps disposez-vous ?
Une fonction au sein d’un conseil d’administration prend du temps. Yves Dumont évalue entre cinq et quarante jours la durée nécessaire à son exercice. Selon lui, deux jours par mois constitueraient une bonne moyenne. En détail, la préparation de chaque réunion nécessiterait entre 4 à 8 heures, la participation entre 3 à 5 heures, sans compter 1 à 8 heures pour le suivi, soit un total par réunion de 8 à 21 heures. « Prévoyez 50 %de plus si vous participez à un comité spécialisé », précise Yves Dumont en attirant aussi l’attention sur le temps de déplacement (de 1 à 10 heures) et sur ce qu’il appelle la « disponibilité qualitative ».
* “Administrateur de sociétés : pourquoi pas moi ?”, aux éditions Eyrolles – 2016
Valérie LANDRIEU